Sécurité privée en France :

Le secteur de la sécurité privée est essentiel au bon fonctionnement de notre société. Il ne peut être traité comme une simple variable d’ajustement pour les grands événements. La survie des petites entreprises et la stabilité de l’emploi des agents en dépendent.

Brassard Services de sécurité privée

5/2/20252 min read

un marché saturé après les grands événements sportifs

La France a récemment accueilli deux événements sportifs majeurs : la Coupe du Monde de Rugby 2023 et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces manifestations ont nécessité un recrutement massif d'agents de sécurité privée, estimé à plus de 20 000 postes par jour. Face à cette demande exceptionnelle, les pouvoirs publics ont mis en place des formations accélérées et des incitations financières pour attirer de nouveaux candidats, comme la carte professionnelle "Surveillance Grands Événements" (SGE).

Mais aujourd’hui, une fois les projecteurs éteints, un nouveau dilemme se pose : que faire de tous ces agents de sécurité récemment formés ?

Un marché de l’emploi saturé

La fin des grands événements sportifs laisse derrière elle un afflux massif d’agents de sécurité sur le marché du travail. Ces agents, souvent formés rapidement pour des missions ponctuelles, peinent à se reconvertir. Leurs qualifications limitées — parfois restreintes à des missions événementielles — rendent difficile l'accès à des postes plus pérennes.

De nombreuses entreprises ne peuvent absorber cette main-d'œuvre supplémentaire, d’autant que les besoins habituels en sécurité sont bien moindres en dehors des périodes de grands rassemblements.

Les petites entreprises de sécurité en difficulté

Dans ce contexte, les petites sociétés de sécurité privée souffrent doublement :

  • Concurrence déloyale : Les grands groupes du secteur raflent la majorité des gros contrats, notamment ceux liés aux infrastructures, entreprises et événements institutionnels. Les petites structures n'ont accès qu'à des missions moins lucratives ou temporaires, lorsqu’elles ne sont pas tout simplement évincées.

  • Pression sur les marges : Pour pouvoir proposer des tarifs compétitifs face aux mastodontes du secteur, les TPE/PME doivent rogner sur leurs marges. Cela se traduit souvent par une précarité économique, un retard dans les paiements des charges sociales, ou des difficultés à maintenir un effectif stable et qualifié.

  • Départs massifs : De nombreux agents quittent les petites structures pour rejoindre des groupes plus solides financièrement, offrant plus de stabilité et de perspectives à long terme. Cela accentue encore l’instabilité de ces entreprises fragiles.

Une remise en question nécessaire du modèle

Les autorités et les acteurs de la profession doivent rapidement repenser le modèle économique de la sécurité privée en France. Il est impératif de :

  • Favoriser une meilleure répartition des marchés entre grandes et petites entreprises.

  • Soutenir la reconversion des agents temporaires formés pour les JO ou la Coupe du Monde.

  • Renforcer la formation continue, pour améliorer l'employabilité des agents et garantir un service de qualité.

  • Valoriser la profession, en revalorisant les salaires et en améliorant les conditions de travail.

Le secteur de la sécurité privée est essentiel au bon fonctionnement de notre société. Il ne peut être traité comme une simple variable d’ajustement pour les grands événements. La survie des petites entreprises et la stabilité de l’emploi des agents en dépendent.